Quelques années plus tôt, il faisait beau; quand les biens ont arrêté d'être échangés contre des biens. Quand l’argent est entré sur notre sol, il fallait partir au marché parce que nos époux n’allaient plus au champs. Nous ne nous rendions plus aux champs.
Nous avions Mumbunda (La chéminée de Gecamines).
Nous mangions bien.
Ceci n’est pas une histoire, ceci n’est pas un mythe.
Il y avait beaucoup de tomates, il y avait beaucoup de poissons, il y avait aussi de l’huile, de la farine, des allumettes, du poisson, des légumes et d'autres articles à emporter du marché. Il fallait donc les porter dans un sac pour nos maisons. Il nous fallait donc un grand récipient.
Nous avions le panier de fierté. Ce panier était la preuve que l’on allait manger le soir quand on revenait du marché dans la matinée.
Puis un jour, le panier en osier a disparu, malheureusement, pour se transformer en plastique. Cependant, son remplaçant avait gardé la même dimension que celle en osier ou autre brin.
Les femmes étaient fières de se promener avec, elles n’en avaient point fait une traître différence. Panier à tout, il pouvait tout contenir, ce qui raffolait les femmes.
Ce panier avait l’air magique :
-Fata, regarde, je peux tout porter dans mon Kitunga ; farine, poisson, légumes, tomates, huiles, … C’est incroyable! clamait haut et fort, Solange la grande insouciante, au marché.
Elle avait raison! C'est vrai, ce nouveau panier possédait beaucoup d’espace tandis que l’ancien pouvait parfois être fatiguant car à cause de sa taille limitée, il nous faisait faire plusieurs tours au marché. Et sa confection prenait beaucoup plus de temps et coûtait plus d'argent.
L’ancien était aussi peu discret, tout le monde savait que quand une femme prenait le panier en osier, elle allait faire le marché et cela poussait des nouveaux invités à se présenter chez autrui pour déguster des mets qui en sortaient.
Ce nouveau panier magique s’appelait le roi “sachet”, il avait conquis tous les cœurs. Toutes les femmes tournèrent vers lui. Il était fabriqué en plusieurs formats mais le plus populaire à cette époque était le “roi noir et blanc”.
Quand on ne pouvait plus l’utiliser, nos enfants munis d'imagination transformaient ses résidus en cerfs-volants. Oh qu’il était éphémère! Nous nous en rendirent compte que plus tard, mais entre temps nous nous disions: un peu de recyclage pour sauver la terre ! La terre de nos ancêtres que l’on avait lamentablement détruit.
Et donc, les femmes s’en allaient au marché avec zéro récipient et y retournaient avec de multiples sachets dans lesquels se trouvaient plusieurs articles. C'était cela, le plus grand coup du marketing!
Mais,un beau matin, alors que nos terres étaient devenues stériles, l’on remarqua que le roi sachet qui était partout, en était la grande cause. Il est devenu roi dans toutes les rues, toutes les villes et toutes nos cuisines.
Le roi sachet ne passait plus inaperçu et il avait même remplacé nos pavées, il avait coloré nos sols. Alors, certaines études prouvèrent que le danger était énorme et qu'il fallait diminuer son usage. Mais il était déjà trop tard!
Pour palier au problème que le roi Sachet avait causé, l’on fabriqua ses cousins appelés « biodégradables » mais ces derniers nous coûtent un peu plus chers et c’est de fois un luxe que tous ne pouvons pas nous offrir.
Qu'il revienne notre Kitunga!, Notre cher panier, le Kitunga était et restera l’ami fidèle. La fierté de notre époque ! Qui sait s’il ne renaîtra pas de ses cendres de sitôt ?
Texte écrit par Feza Kayungu
Crédit illustrations : Belushi studio
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Salva AMISI
Le panier en osier! L'on essaye de se souvenir de lui qu'en contemplant les cheveux de nos soeurs. Les cheveux de nos soeurs tissés comme le panier en osier.